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home michèle lamy – montage of a dream deferred 12 septembre 2017 dans non classé par shic | pas de commentaire michèle lamy montage of a dream deferred du 25 septembre au 20 octobre 2017 vernissage le lundi 25 septembre de 18h à 21h red bull space paris, 12 rue du mail, 75002 paris après 9 ans d’existence et 45 expositions, le red bull space paris quitte la rue du mail en laissant les clés à une femme puissante, michèle lamy, pour un projet sonore, collaboratif et protéiforme, dans le cadre du rbma festival paris. on ne présente plus michèle lamy, une des dernières et véritables figures excentriques de la mode, connue pour être à la fois la femme, la muse et la collaboratrice depuis plus de 27 ans de rick owens, le designer mode célèbre pour avoir rendu la radicalité à nouveau désirable. michèle lamy et ses dents en or serties de pierres précieuses, ses doigts aux extrémités plongées dans la teinture noire ceinturés de nombreuses bagues ésotériques, son trait de maquillage noir et vertical qui lui barre le front comme pour mieux faire ressortir ses yeux bleus perçants. michèle lamy donc, 1600 ans d’âge comme elle aime à le répéter, personnage fantasque et magique, idéalement à l’intersection entre la sorcière, la chamane et la gitane… une créature multiple, un pied dans l’art, l’autre dans la mode, une main dans le design, l’autre dans l’architecture, et la tête perdue dans la musique. née et élevée dans le jura, révélée à la complexité du monde par mai 68 et gilles deleuze dont elle fut l’élève, michèle a été très tôt de toutes les aventures. tour à tour étudiante en droit, stripteaseuse, performeuse et danseuse, elle quitte la france, aux débuts des années 70’s, attirée par la contre-culture américaine comme un papillon dans les phares d’une voiture. « j’étais troublée par la musique, la littérature, la culture américaine, j’étais amoureuse de bob dylan et son phrasé si particulier, cette façon de poser les mots, se souvient-elle, de toute manière, pour moi la culture française quelque part s’est arrêtée avec proust, c’est la littérature et la musique américaine qui m’ont nourrie. en fait, je suis passée directement de mai 68 au studio 54 ! » elle rêve de mener de front le rêve d’une bohême à la californienne entourée d’artistes qu’elle vénère comme la provoc et transsexuelle vaginal davies ou le freak de la mode leigh bowery. ni une, ni deux, sa décision prendra la forme d’un aller simple pour la californie. installée à los angeles, michèle se lance dans le stylisme en créant lamy, sa propre marque, puis ouvre parallèlement, dans un ancien parking situé dans le quartier de las palmas, « les deux cafés ». un restaurant dont la cuisine se trouve de l’autre côté de la rue et dont le ballet des serveurs qui traversent la route pour servir les clients est déjà un spectacle en soi. dans les années 90, ce temple de l’underground va devenir le haut lieu du renouveau de los angeles et accueillir toute la faune hip et chic de la ville, des freaks les plus exotiques à madonna qui y fête un grammy en passant par sharon stone qui y pousse la chansonnette. mais « les deux cafés » accueille aussi un cabaret, lieu de tous les possibles, où michèle va assouvir une autre de ses passions, plus secrète mais vitale : la musique. « c’est hélène hazera (figure militante du mouvement gay et lesbien des 70, ndlr) qui a été le déclic, raconte michèle, quand je traînais avec elle et toute la bande des gazolines aux débuts des années 70. c’est elle qui m’a dit un jour que ma voix ressemblait à celle de la chanteuse marianne oswald et elle m’a fait écouter cette chanson dont les paroles avaient été offertes à marianne, et griffonnées sur un coin de table, par langston hughes. c’est comme ça que j’ai découvert ce sublime poète qui ne m’a plus quitté depuis. » langston hughes, poète black et homosexuel, figure charismatique de ce qu’on a appelé le renouveau de harlem dans les années 20, et qui n’a depuis cessé de hanter michèle qui en le mettant en musique lui offre une nouvelle lecture et une insolente jeunesse. drivé de main de maître par le musicien bobby woods, le cabaret installé au cœur de « les deux cafés » devient rapidement le lieu de tous les possibles et tous les extrêmes. « notre groupe s’appelait les deux love orchestra, explique bobby, et c’était évidemment une référence au restaurant. on y faisait des shows tous les week-ends qui, au fur et à mesure, sont devenus très populaires. c’était tout le temps plein, ça durait jusqu’au petit matin avec beaucoup d’invités surprise de renom larry klein, qui a remporté plusieurs grammy, faisait partie du groupe, son ex-femme, joni mitchell est venu chanter plusieurs fois, boy george aussi. c’était incroyable, le bordel total, je me souviens d’une fois où des moutons se sont invités dans la fête ! mais évidemment le clou du spectacle, c’étaient les performances de michèle. sa voix de fumeuse, les paroles et la poésie, créaient une ambiance surréaliste, le public était hypnotisé. on a enregistré avec cette formation plusieurs disques, certains en direct du cabaret. a cette époque, michèle et rick habitaient de l’autre côté de la rue dans l’appartement de rick où il n’y avait pas de cuisine mais juste un grille-pain et donc les diners étaient à base de toasts. rapidement rick a organisé ses défilés dans le cabaret, et pendant que les modèles défilaient on s’occupait avec les deux love orchestra de la bande son du show . » en 2003, michèle lamy met fin à cette folle aventure et suit rick owens, dont le talent ne cesse de s’afficher de manière insolente, à paris. le couple s’installe au “palais“, un immense hôtel particulier situé derrière l’assemblée nationale et qui a un temps appartenu au parti socialiste. un palais irréel où du sol au plafond, des murs aux étages, tout est organisé, dessiné et décoré selon les fantasmes du duo : béton brut, œuvres d’artistes à même les murs, collection de bustes africains, mobilier brutaliste, et électro en boucle. une nouvelle étape commence pour michèle lamy, une aventure qu’elle résumait élégamment dans le magazine oyster : « dans ma vingtaine, je cherchais à échapper à mon héritage bourgeois et provincial, j’ai abandonné mes études d’avocate pour me lancer dans le strip-tease. aux débuts des 70’s je voulais devenir bob dylan. j’ai vécu le rêve californien dans ma trentaine entourée d’artistes et j’ai donné vie à ma fille scarlett rouge. pour ma quarantaine je suis devenue une business woman à los angeles où j’ai rencontré rick owens, et je vais passer ma cinquantaine à ses côtés à profiter de la vie. » depuis une dizaine d’années michèle, qui n’écoute que du hip-hop ou de l’électro, est devenue ainsi une égérie musicale courtisée par les plus brillants des artistes d’aujourd’hui. elle s’est retrouvée à collaborer avec l’artiste matthew stone et le rappeur gay zebra katz pour un des défilés de rick owens, elle apparaît hors-norme et magnétique dans le clip du morceau « m3ll155x » de fka twigs, elle a fait composer de la musique à base de nourriture à james lavelle du collectif unkle lors de l’installation multimédia bargenale qu’elle a conçue pour la biennale de venise il y a deux ans, elle partage une passion sans bornes pour la boxe avec mos def, participé au processus créatif de la pochette de l’album « at. long. last. asap » d’a$ap rocky même si elle regrette de n’avoir pas réussi à le faire poser en robe, elle a réalisé à la demande de la red bull music academy la musique du court « paris now – saint » réalisé par dexter navy, le réalisateur chéri de la scène hip-hop, le groupe tangiers vient de l’inviter sur leur dernier titre « black asteroid », elle a produit et apparaît dans le sulfureux clip « butt muscle » (et sa collection de déviances sexuelles) de christeene et kanye west ne jure désormais plus que par elle (« on s’entend à merveille, rigole michèle, il pense qu’il est blanc et moi je crois que je suis noire ! » ) touche à tout de génie, muse contemporaine, créature hautem